Le destin de l'orpheline rebelle, élevée dans la morale victorienne corsetée, réfugiée pour survivre dans ses livres et ses dessins, et sa rencontre au manoir de Thornfield avec l'austère maître des lieux, Rochester, gardien d'on ne sait quel lugubre secret...
'Jane Eyre', tout comme 'Les Hauts de Hurlevent' - 'Wuthering Heights' d'Emily Brontë (soeur de Charlotte), est un monument de romantisme gothique, et l'adaptation rend un vibrant hommage à cette veine d'inspiration.
Les couleurs sublimement nuancées rendent palpables les hautes landes du Yorkshire. Le vent gémit, la pluie claque au carreau, le feu lèche la peau, l'ombre danse dans les regards, et les vieux murs fortifiés ne suffisent pas à se garder des démons intérieurs...
Chaque réplique de la jeune femme, à la force intérieure inamovible, malgré les tremblements et les doutes, résonne encore aujourd'hui comme un appel à l'insurrection contre l'ordre social établi et la domination masculine.
L'interprétation de Mia Wasikowska (la Alice de Tim Burton) et Michaël Fassbender, (dont le talent a récemment éclaté dans des rôles aux antipodes les uns des autres), est un régal : certes, ils sont infiniment plus lumineux que leur description par Charlotte Brontë, et Rochester a pris un sacré coup de jeune, (on ne va pas s'en plaindre...) mais leur incarnation des personnages est d'une subtilité admirable.
Mia-Jane est frémissante de retenue, Fassbender-Rochester oscille entre ton rogue, manipulateur, et vulnérabilité désarmante - on est suspendus à leur lèvres.
Tout le reste du casting est aussi épatant : Judi Dench et Jamie Bell en particulier.
Cordes sourdes, coups d'archet sur les nerfs, souffles dans les bruyères. Honneur à la bande-son. On savoure chaque grincement de porte, chaque cliquetis, chaque froufrou. Le silence est musique.
Voix, diction et accents du Nord se dégustent comme un grog au miel.
Bref, vous l'aurez compris, je succombe. Bande-annonce :
Sortie en France en juillet 2012.
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